A ma drogue douce...
Plagiant une chanson de Mash & 12mé sur l'album "Parmi tant d'autres", ce titre, assez évocateur, ne fait aucunement allusion à une substance illicite (contrairement à 12mé) mais tout simplement à la musique.
Néanmoins, le fossé entre drogue et musique n'est peut être pas si évident que ça me concernant.
Dopé aux sons, je m'aventure à retranscrire mes goûts et mes envies musicalement parlant...
Wait & see!




12mé & Raph : Headfones 0.1


Chronique publiée sur le webzine "The French Touch".


Acteur et membre prolifique du collectif stéphanois Hasta Siempre, 12mé est un MC atypique. Auteur d'un album commun avec Mash "Parmi tant d'autres" en 2004 et d'un EP solo "Le fruit de nos expériences" en 2006, il s'est associé avec le saxophoniste Raph pour donner naissance à ce mini album "Headfones 0.1". Neuf titres, dont un interlude, à l'ambiance jazzy mais au phrasé et au tempo très rap.

"Fils, avant de balancer mes phases, d'avancer mes traces, laisse moi prévenir tous les caves, qu'à l'ancienne j'écrase. Vous croyez éviter le drame, mais c'est dead, j'arrive, faut savoir apprendre à régler ses dettes..." ("Jazz session").

Dès les premières secondes de "Jazz session", force est de constater qu'au micro, 12mé ne plaisante pas. Il rappe bien, même très bien. De sa voix particulière et entêtante, il invite l'auditeur à ne zapper aucune piste et à suivre ses pérégrinations "lyricales". Car 12mé a définitivement une plume, une écriture qui lui est propre, mélangeant aisément l'acuité et la subtilité des mots à l'âpreté du sens de ses propos.

"J'ai voulu errer sans but, apprivoiser le bitume, et quitter le glauque, je me retrouve dans la rue à kiffer le votre, ce trip que je déteste autant, marcher seul, attendre que l'acide pluie battante m'aide à remonter la pente..." ("Un tour en ville").

En plus de cette aisance des mots et de sa facilité à se poser sur les musiques, le MC n'hésite pas à varier ses intonations selon la couleur du morceau, jazzy ("Jazz session", "Monde muet", "La folie"), très hip-hop ("Passe le mic"), cocasse ("Soirée étudiante"), ou mélancolique ("Un tour en ville")...

12mé n'étonne pas que par ses écrits, mais aussi par la qualité des productions musicales qu'il assure presque intégralement. Evidemment aidé par Raph le saxophoniste mais aussi d'autres musiciens (un trompettiste, un pianiste, deux guitaristes, un bassiste et un DJ), le MC s'occupe également des percussions. Ce qui n'est pas si surprenant que ça car avant de se consacrer pleinement au rap, 12mé a pratiqué quelques instruments (guitare, basse, batterie, percussions). Du travail musical très propre. Et même si l'ambiance jazzy est certes dominante, aucune mélodie ne ressemble à une autre, ne laissant nullement l'impression d'écouter la même piste tout au long du disque (ce qui peut être malheureusement le cas dans les innombrables projets "rap jazz" français).

Autre compositeur, Zedka, également membre de Hasta siempre, n'a pas non plus à rougir : sa production musicale sur "Un tour en ville" ne fait aucunement défaut à "Headfones 0.1", bien au contraire. Elle accentue même la mélancolie et l'amertume de cette pluvieuse "ballade" dans Saint-Etienne. DJ O'legg, quant à lui, ne se contente pas de ponctuer l'album de ses - impressionnants - scratches affûtés. Mieux, il signe l'instrumental du magnifique et concluant "Tranches de vie". Un bijou (n'ayons pas peur des mots) que ce soit justement dans sa construction musicale ou dans le rap. A l'image du titre de la chanson, DJ O'legg réussit, en 4min18, à synthétiser une vie d'un être avec ses différentes étapes. Le MC, lui, n'hésite pas à varier son flow de manière conséquente, toujours à l'image de ces divers moments de vie. Et ce morceau prend encore plus d'ampleur par la démonstration magistrale de Raph au saxophone.

Pour autant, ce dernier apparaît plus comme un homme de l'ombre, posant ses gammes très professionnellement - incontestablement - mais de façon bien trop discrète. A l'écoute de l'interlude "Live au Prieuré", le saxophoniste montre pourtant bien une irrésistible envie de se lâcher, de se mettre plus en avant. Malheureusement, comme le nom du groupe (12mé & Raph) ne l'indique pas, le réservé Raph semble, pour une grande partie du disque, (se) relayé(r) au second plan. Et c'est bien là le seul vrai défaut de l'album. Ce qui se révèle d'autant plus regrettable au vu de ses interventions particulièrement efficaces sur certains titres tels que "Jazz session", "Un tour en ville" et "Tranches de vies".

Toutefois, cela n'enlève en rien de la qualité générale de ce projet très bien mené : un très bon rappeur (aussi bien dans le fond que dans la forme), des prods peaufinées alliant jazz et rythmiques rap, sans oublier un DJ aux scratches incisifs. La scène rap stéphanoise est décidément (d)étonnante de créativité et d'énergie.

"J'apprends à vivre avec mes torts... cet album en réponse à mes frustrations" ("Tranches de vie").

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hola amigo,
Je l'avais déjà lue sur TFC... Et tu as trouvé comme moi que en effet, Raph est un peu "sous-utilisé"... Cela dit, oui, oui, il y a plein d'aspects positifs dans ce disque, et Médouze y a délivré des couplets parmi ses plus "fameux", yep.
Peace!!!

Aircoba a dit…

3€ chez Virgin cet été et je l'ai pas pris. Ne me demande pas pourquoi. Je crois que j'vais bientôt quitter la France. J'ai opté pour Busdriver, même tarif, que j'ai toujours pas écouté d'ailleurs. 24H c'est pas assez.